Le feu pastoral au service des paysages

Le brûlage pastoral, communément appelé « écobuage », est une technique d’entretien des pâturages utilisant le feu courant sur un espace défini durant la période de repos végétatif.

L’emploi du feu pour l’entretien des milieux est très courant en Lozère : on estime à près de 3 000 hectares les surfaces gérées ainsi chaque année. La pratique du brûlage est intéressante pour l’ouverture et la gestion de l’espace dans des zones à forte dynamique d’embroussaillement et souvent non mécanisables.

Le feu, un outil de gestion des espaces pastoraux

Le brûlage, utilisé depuis les origines du pastoralisme, a toujours permis la gestion de l’espace et le maintien de la ressource herbagère.

Contrairement à ce que l’on pense souvent, les pâturages lozériens ne sont pas de riches pelouses offrant une ressource constante au bétail. Ils sont situés pour la plupart sur des sols pauvres et sont composés de landes, dominées par les bruyères et genêts qui couvrent parfois plusieurs hectares d’un seul tenant. Dans ces landes, le troupeau est rarement capable de maintenir à lui seul la richesse pastorale. La dynamique spontanée de végétation provoque l’embroussaillement. En quelques années, les landes deviennent ainsi sans intérêt, voire difficilement pénétrables pour le bétail. Une forte pression du troupeau peut ralentir cette dynamique mais un entretien complémentaire reste généralement indispensable.

Ces milieux, parfois difficiles (pente, rochers…), justifient l’emploi de méthodes d’ouvertures particulières tel que le brûlage ou le broyage mécanique.

Une pratique agricole ancestrale

Bergers et éleveurs ont toujours écobué les pâturages à la descente des troupeaux, en octobre-novembre, ou bien pendant les belles journées d’hiver. Le feu hivernal, en saison de repos végétatif, limite les impacts sur la biodiversité.

Les recherches ont montré que le feu n’avait pratiquement aucun effet de dégradation sur la végétation : les mêmes espèces sont présentes avant et après, seules les proportions changent. Une véritable explosion des herbacés est constatée dans les années suivantes, répondant à l’objectif premier de l’opération. Les cycles d’écobuage sont liés aux dynamiques des plantes ligneuses. Les genêts et bruyères peuvent recoloniser le terrain en 2 ou 3 ans.

Actuellement, l’effet du changement climatique, est extrêmement complexe. Les épisodes de sécheresses (déficit de précipitations, et déficit d’eau dans le sol) représentent une perturbation des écosystèmes difficile à anticiper.

Le brûlage pastoral constitue un enjeu important pour les agriculteurs du territoire, puisqu’il s’agit pour eux de préserver les espaces qui leur permettent de maintenir et de développer leur activité.

Une évolution des représentations de cette pratique

Aujourd’hui, l’influence de multiples acteurs du territoire (touristes, résidents secondaires, chasseurs, résidents permanents non agricoles, etc.) a considérablement complexifié la pratique du feu pastoral. Les éleveurs, de moins en moins nombreux, ne sont plus en mesure de faire valoir leur souhait de gestion. Les nouveaux enjeux d’aménagement (touristiques, forestiers, cynégétiques, écologiques, patrimoniaux etc…) aussi bien que l’évolution de l’impact du feu, amènent donc à reconsidérer la pratique pour l’intégrer dans une gestion globale de l’environnement.

Il s’agit bien de sauvegarder un processus de maintien des milieux et paysages agro-pastoraux, en combinant conservation patrimoniale et gestion agricole.

Encart/Zoom sur l’action initiée sur le mont-Lozère

Sur le versant sud du mont-Lozère, le savoir-faire des agriculteurs en matière de feu pastoral est encore très présent.

Face à ce constat, une réflexion a été lancée depuis 2016 par les agriculteurs du versant sud du mont-Lozère pour la mise en place d’une cellule locale de brûlage pastoral. Cette cellule locale a pour mission d’établir un programme pluriannuel d’écobuages.

Avec l’appui de l’association COPAGE et coordonné entre les acteurs locaux, le programme permet ainsi de planifier et mieux prioriser les besoins en vue de la réalisation des brûlages pastoraux.

La cellule locale a pour mission :

– d’établir un programme pluriannuel des brûlages pastoraux sur la commune ;

– d’échanger avec le SDIS48, le PNC, l’ONF, afin de mieux diagnostiquer les brûlages nécessaires et leur préparation ;

– d’être l’organe de concertation entre les acteurs locaux pour traiter les demandes et aider à les réaliser.

Dans ce cadre, un certain nombre de chantiers ont été réalisés avec l’appui des Unités d’Intervention d’Incendies de la Protection Civile de Brignoles. Les frais de séjour de ces équipes sont pris en charge directement par les éleveurs participants.

En effet, occupés sur leur exploitation, les agriculteurs souvent seuls, doivent faire face à un déficit de main d’œuvre. Aussi pour réaliser les brûlages pastoraux, il est donc proposé de mobiliser des moyens nationaux, comme main d’œuvre complémentaire ponctuelle, elle-même en recherche d’objets d’entraînement. Une démarche qui peut être reproductible sur d’autres territoires.

Dans cette démarche, il est nécessaire de bien distinguer :

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