Lauréats du 3e concours des prairies sur l’Aubrac
Les prairies humides sont à l’honneur cette année pour le concours des pratiques agro-écologiques des prairies du plateau de l’Aubrac. Sept exploitations agricoles de la Lozère et du Cantal ont ainsi présenté les 13 et 14 juin 2019 un pré humide de fauche au jury.
Pourquoi les éleveurs ont-ils intérêt à maintenir la pratique de fauche sur prairie humide ?
Ces parcelles humides à vocation agricole, bien que contraignantes à mécaniser, notamment les années pluvieuses, rendent beaucoup de services à la fois agricoles et environnementaux. Certes, elles produisent une ressource fourragère non négligeable, même si en quantité et qualité variables selon les parcelles. Les prairies naturelles représentent un faible coût d’entretien : pas de labour ni semis, sur prairie humide riche en matière organique, peu ou pas de fertilisation. Sur l’Aubrac, il arrive que les prés de fauche humides fournissent entre 30 et 50% du stock de foin utile à l’alimentation hivernale des troupeaux ! Par ailleurs, l’importante diversité floristique composée de 30 à près de 100 espèces de plantes dans les parcelles les plus hétérogènes, apporte une grande souplesse d’exploitation, et permet certaines années de retarder la date de fauche sans trop pénaliser la récolte. En effet, la présence d’espèces précoces et plus tardives permet de garantir une production de biomasse optimale vers la mi-juillet. Enfin l’humidité du sol favorise une reprise de la végétation à l’automne, pour le pâturage.
Ce qui est positif pour les éleveurs et leurs troupeaux est aussi souvent favorable aux écosystèmes. L’étalement de la saison de végétation apporte abri et nourriture à la faune sauvage. Le stockage de l’eau et du carbone dans le sol des parcelles humides a également un rôle à prendre en compte dans le contexte actuel de changement climatique.
Les éleveurs le reconnaissent : « Ça pousse tout seul », « Ne craint pas la sécheresse », « Il faut jouer entre la qualité et la quantité… et la météo ». Sur les sept parcelles candidates, deux ont finalement été récompensées lors de la remise des prix locale qui s’est tenue à l’ouverture du festival Phot’Aubrac, le 26 septembre, à Nasbinals.
Le premier prix a été décerné à Bernard Prunières, pour sa prairie de 3,5 hectares située au bord du Nasbinals, entité paysagère à part entière entourée d’anciens prés de fauche convertis au pâturage. La végétation, homogène en apparence seulement, grâce au bord de cours d’eau, aux arbres et au muret, est typique d’une parcelle valorisée pour le fourrage. Sans les 19,5 tonnes de foin issues de cette surface relativement plane et productive, l’éleveur ne serait pas autonome. Bernard Prunières représentera l’Aubrac lors du prochain Salon de l’Agriculture, à la remise des prix du concours national, au printemps 2020.
Maurice Boyer a reçu un deuxième « prix spécial du jury » grâce à la tourbière de 4,5 ha qu’il continue à faucher en récoltant 4 à 5 tonnes de matière sèche à l’hectare, parfois seulement mi-août, limitant ainsi les risques d’un pâturage plus précoce sur un sol peu portant. Pour tous les atouts qu’elle représente, le jury a qualifié la parcelle de « joyau naturaliste », et a reconnu le mérite de l’éleveur à l’exploiter en tenant compte des aléas météo.